Les projets s’appuient sur une ou plusieurs des ces thématiques ciblées en lien avec Riopelle et son Œuvre, toujours d’actualité dans la réalité socioculturelle canadienne :
• Ode à la nature : l’art et l’environnement
• Autochtonie : l’art, l’histoire et l’identité
• Migration : l’art, l’ici et l’ailleurs
○ Le projet porte clairement une dimension artistique ;
○ Le projet inclut une dimension de médiation artistique, notamment autour de l’œuvre et de la vie de Jean Paul Riopelle ;
○ Le projet envisage d’offrir un legs créatif, notamment mais pas exclusivement, dans l’espace public.
ODE À LA NATURE : L’ART ET L’ENVIRONNEMENT
La nature, c’est l’ensemble des éléments qui nous entourent et qui ne sont pas modifiés ou construits par l’homme. Par exemple, la forêt, l’eau, les animaux. Cette nature se retrouve bien sûr dans les territoires inhabités, mais aussi dans les villes ou les villages, comme l’écureuil qui vit parmi nous.
La nature est à la fois fragile et forte. Fragile comme la plante minuscule qui renaît chaque printemps ou forte jusqu’à s’emporter comme une mer déchaînée. Par-dessus tout, la nature fascine par sa complexité et par sa beauté : comment rester indifférent devant la toile fine tissée par l’araignée ou encore devant toute la palette de couleurs que nous offre la nature au fil des saisons ?
L’amour de la nature habite Jean Paul dès son enfance. Son chef scout a écrit de lui : « Il aime le scoutisme et la nature passionnément. » On sait que très jeune il va à la pêche et fait du canot. Avec son professeur de dessin, il passe de beaux jours d’été à peindre la nature. En ville, ils font des natures mortes et Jean Paul s’en amuse, intitulant l’un de ses tableaux Nature bien morte ! Une de ses premières œuvres s’intitule Hibou premier. Son amour pour les oiseaux sera un thème récurrent dans ses peintures.
Plus tard, dans la vingtaine, il va en vacances avec ses parents à Saint-Fabien-sur-Mer au Québec. Il y peint de nombreuses toiles représentant la nature de cette région du Bas-Saint-Laurent.
Dans les années 1950 et 1960, à l’époque de ses grands tableaux abstraits, Jean Paul n’en démord pas : dans ses mosaïques de couleurs, c’est la nature qui s’éclate. Une nature qu’il fréquente d’ailleurs dans la campagne française où il vit, à Vétheuil, puis à Saint-Cyr-en-Arthies. Il va à la pêche et chasse le sanglier.
À partir des années 1970, les voyages de chasse et de pêche dans le Grand Nord québécois marquent son œuvre : les oies, les orignaux, les icebergs, le vent et les feuilles envahissent de plus en plus la toile.
À la fin de sa vie, il s’installe dans un beau manoir de l’Isle-aux-Grues, au large des rives de Montmagny. Il vit au rythme des oies blanches. Son œuvre ultime, L’Hommage à Rosa Luxemburg, réalisée en 1992, témoigne de cet engagement total envers la nature.
C’est là qu’il s’éteint, le 12 mars 2002.
• 🎬 de Studio Riopelle présentant la THÉMATIQUE DE LA NATURE DANS LA VIE DE RIOPELLE
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Selon un proverbe répandu chez les Autochtones, les Premiers Peuples de notre pays, la Terre n’appartient pas à l’humain, c’est l’humain qui appartient à la Terre. Ainsi, on trouve chez plusieurs nations autochtones un récit de la création qui ressemble à celui-ci : Un jour, une femme qui attendait un enfant tomba du monde céleste. Voyant ce qui se passait, la grande tortue l’accueillit dans sa chute. Aidée des autres animaux, la tortue sauva la femme. Celle-ci donna naissance à la Terre, la Terre-Mère, qui engendra ensuite toutes les créatures.
Dans ce mythe, la Terre mérite notre respect. Nous n’habitons pas la Terre, ce sont plutôt les lieux, les territoires, qui nous habitent et laissent des traces en nous. Cela, Jean Paul le découvre très tôt. Adolescent, il assiste avec son père à une conférence d’Archibald Belaney, nommé Grey Owl, un naturaliste anglais qui s’était intéressé dès son jeune âge aux Premiers Peuples d’Amérique du Nord. Après avoir émigré au Canada, le jeune homme s’était installé parmi les Ojibwés du nord de l’Ontario, se fondant dans leur communauté jusqu’à en adopter l’identité : on l’appelait d’ailleurs Wa-Sha-Quon-Asin, ce qui signifie grey owl ou chouette cendrée. Personnage légendaire, Grey Owl aura éveillé chez Riopelle un grand intérêt envers l’art et les cultures autochtones, comme en témoigne son important legs artistique.
C’est en France cependant que la passion de Jean Paul pour les cultures autochtones va se concrétiser. Ses amis surréalistes sont de grands collectionneurs de masques des peuples yupik, kwakwaka’wakw et tlingit de la côte ouest de l’Alaska et de la Colombie-Britannique. Jean Paul s’y intéresse. Homme de culture, il lit sur le sujet. Par exemple, il connaît Les jeux de ficelle des Arviligjuarmiut, du missionnaire Guy Mary-Rousselière, et Les derniers rois de Thulé, de Jean Malaurie, deux ouvrages sur la culture inuite.
Les titres des œuvres de Riopelle témoignent abondamment de son intérêt pour les territoires et pour les langues autochtones : citons Micmac (une langue de la famille des langues algonquiennes) ou encore Muscowequan (le nom d’une Première Nation ojibwée de l’Ouest canadien).