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Thématiques présentes dans l’œuvre de Jean Paul Riopelle

Les projets s’appuient sur une ou plusieurs des ces thématiques ciblées en lien avec Riopelle et son Œuvre, toujours d’actualité dans la réalité socioculturelle canadienne :

• Ode à la nature : l’art et l’environnement
• Autochtonie : l’art, l’histoire et l’identité
• Migration : l’art, l’ici et l’ailleurs

○ Le projet porte clairement une dimension artistique ;
○ Le projet inclut une dimension de médiation artistique, notamment autour de l’œuvre et de la vie de Jean Paul Riopelle ;
○ Le projet envisage d’offrir un legs créatif, notamment mais pas exclusivement, dans l’espace public.

ODE À LA NATURE : L’ART ET L’ENVIRONNEMENT

« On a pu dire que la nature était présente dans mes tableaux. C’est parce que je vais vers la nature, du moins je l’espère, et non parce que je viens de la nature. »

– Philippe Briet, extraits d’un entretien publié dans le catalogue de l’exposition Riopelle, Peintures, estampes, Musée des beaux-arts et Hôtel d’Escoville, Caen, 12 mai-15 juillet 1984. S.p.


La nature, c’est l’ensemble des éléments qui nous entourent et qui ne sont pas modifiés ou construits par l’homme.
Par exemple, la forêt, l’eau, les animaux. Cette nature se retrouve bien sûr dans les territoires inhabités, mais aussi dans les villes ou les villages, comme l’écureuil qui vit parmi nous.
La nature est à la fois fragile et forte. Fragile comme la plante minuscule qui renaît chaque printemps ou forte jusqu’à s’emporter comme une mer déchaînée. Par-dessus tout, la nature fascine par sa complexité et par sa beauté : comment rester indifférent devant la toile fine tissée par l’araignée ou encore devant toute la palette de couleurs que nous offre la nature au fil des saisons ?

L’amour de la nature habite Jean Paul dès son enfance. Son chef scout a écrit de lui : « Il aime le scoutisme et la nature passionnément. » On sait que très jeune il va à la pêche et fait du canot. Avec son professeur de dessin, il passe de beaux jours d’été à peindre la nature. En ville, ils font des natures mortes et Jean Paul s’en amuse, intitulant l’un de ses tableaux Nature bien morte ! Une de ses premières œuvres s’intitule Hibou premier. Son amour pour les oiseaux sera un thème récurrent dans ses peintures.

Plus tard, dans la vingtaine, il va en vacances avec ses parents à Saint-Fabien-sur-Mer au Québec. Il y peint de nombreuses toiles représentant la nature de cette région du Bas-Saint-Laurent.

Dans les années 1950 et 1960, à l’époque de ses grands tableaux abstraits, Jean Paul n’en démord pas : dans ses mosaïques de couleurs, c’est la nature qui s’éclate. Une nature qu’il fréquente d’ailleurs dans la campagne française où il vit, à Vétheuil, puis à Saint-Cyr-en-Arthies. Il va à la pêche et chasse le sanglier.

À partir des années 1970, les voyages de chasse et de pêche dans le Grand Nord québécois marquent son œuvre : les oies, les orignaux, les icebergs, le vent et les feuilles envahissent de plus en plus la toile.

À la fin de sa vie, il s’installe dans un beau manoir de l’Isle-aux-Grues, au large des rives de Montmagny. Il vit au rythme des oies blanches. Son œuvre ultime, L’Hommage à Rosa Luxemburg, réalisée en 1992, témoigne de cet engagement total envers la nature.
C’est là qu’il s’éteint, le 12 mars 2002.

• 🎬 de Studio Riopelle présentant la THÉMATIQUE DE LA NATURE DANS LA VIE DE RIOPELLE
• Parcourir les ŒUVRES DE LA COLLECTION LA NATURE

 

AUTOCHTONIE : L’ART, L’HISTOIRE ET L’IDENTITÉ 

« Je vois tout ce que je fais comme faisant partie de ce que je vois, de ce que j’ai vu, aujourd’hui, hier, l’année passée ou quand j’étais enfant… près de la terre. »

– Helen Duffy, « L’art de Jean Paul Riopelle, une alchimie de la vie », Décormag, Montréal, mai 1977, p. 36-39.

Selon un proverbe répandu chez les Autochtones, les Premiers Peuples de notre pays, la Terre n’appartient pas à l’humain, c’est l’humain qui appartient à la Terre. Ainsi, on trouve chez plusieurs nations autochtones un récit de la création qui ressemble à celui-ci : Un jour, une femme qui attendait un enfant tomba du monde céleste. Voyant ce qui se passait, la grande tortue l’accueillit dans sa chute. Aidée des autres animaux, la tortue sauva la femme. Celle-ci donna naissance à la Terre, la Terre-Mère, qui engendra ensuite toutes les créatures.

Dans ce mythe, la Terre mérite notre respect. Nous n’habitons pas la Terre, ce sont plutôt les lieux, les territoires, qui nous habitent et laissent des traces en nous. Cela, Jean Paul le découvre très tôt. Adolescent, il assiste avec son père à une conférence d’Archibald Belaney, nommé Grey Owl, un naturaliste anglais qui s’était intéressé dès son jeune âge aux Premiers Peuples d’Amérique du Nord. Après avoir émigré au Canada, le jeune homme s’était installé parmi les Ojibwés du nord de l’Ontario, se fondant dans leur communauté jusqu’à en adopter l’identité : on l’appelait d’ailleurs Wa-Sha-Quon-Asin, ce qui signifie grey owl ou chouette cendrée. Personnage légendaire, Grey Owl aura éveillé chez Riopelle un grand intérêt envers l’art et les cultures autochtones, comme en témoigne son important legs artistique.

C’est en France cependant que la passion de Jean Paul pour les cultures autochtones va se concrétiser. Ses amis surréalistes sont de grands collectionneurs de masques des peuples yupik, kwakwaka’wakw et tlingit de la côte ouest de l’Alaska et de la Colombie-Britannique. Jean Paul s’y intéresse. Homme de culture, il lit sur le sujet. Par exemple, il connaît Les jeux de ficelle des Arviligjuarmiut, du missionnaire Guy Mary-Rousselière, et Les derniers rois de Thulé, de Jean Malaurie, deux ouvrages sur la culture inuite.

Les titres des œuvres de Riopelle témoignent abondamment de son intérêt pour les territoires et pour les langues autochtones : citons Micmac (une langue de la famille des langues algonquiennes) ou encore Muscowequan (le nom d’une Première Nation ojibwée de l’Ouest canadien).

 

MIGRATION : L’ART, L’ICI ET L’AILLEURS

« Aujourd’hui, il n’y a plus de Rosa Malheur. Il n’y a même plus de Rosa Bonheur. Toutes les Rosa sont mortes.» – Jean Paul Riopelle

 

Nous avons chacun notre propre parcours de vie. Il est directement lié à notre identité, à notre territoire, aux décisions que nous prenons. Il existe une grande diversité de parcours : le parcours migratoire, par exemple, pour celui ou celle qui quitte sa famille et son pays; ou le parcours de survie, comme celui des oies qui s’envolent vers le sud l’hiver et reviennent au nord l’été.

Choisir un parcours, c’est parfois se libérer : passer de l’enfance à l’âge adulte, quitter le giron familial, larguer les amarres pour se lancer dans l’aventure ! Quel qu’il soit, le parcours que l’on emprunte est celui qui donne du sens à notre vie.

Le parcours de Jean Paul est fascinant. Jeune, il part en France; il va de la peinture à la sculpture, touche toutes les techniques, évolue dans plusieurs styles; puis il part à la découverte des mers sur son voilier, le Serica; il visite plusieurs pays, arpente le Grand Nord. Tel un oiseau migrateur, Jean Paul est toujours en train de partir !

Puis, un jour, le parcours se termine. En 1992, Jean Paul apprend le décès de Joan Mitchell, une artiste peintre avec qui il a partagé plus de 20 ans de sa vie. Jean Paul prend alors un ultime envol : dans un élan créatif titanesque, il peint tout d’une traite L’Hommage à Rosa Luxemburg, une œuvre constituée de 30 tableaux, une véritable fresque de sa vie. Par les objets et les animaux dont il dissémine les traces sur la toile, Jean Paul fait surgir des moments du passé, des amis disparus.

Que reste-t-il de nous après le parcours de notre vie ? Selon une légende atikamekw, « nous allons là d’où nous venons, c’est-à-dire dans la forêt et l’univers qui l’entoure, Notcimik ». Jean Paul aurait sans doute aimé cette vision de la vie après la mort.

Jean Paul, qui s’est éteint le 12 mars 2002 dans sa maison de l’Isle-aux-Grues, une île au milieu du fleuve Saint-Laurent, sur le parcours migratoire des oies sauvages.

Jean Paul Riopelle, Paysage, acrylique sur lithographie marouflée sur toile, 160 x 120 cm (1971) © Succession Jean Paul Riopelle / SOCAN (2022)
Jean Paul Riopelle, Paysage, acrylique sur lithographie marouflée sur toile, 160 x 120 cm (1971) © Succession Jean Paul Riopelle / SOCAN (2022)
Jean-Paul Riopelle, L'hommage à Rosa Luxemburg -1992. Acrylique et peinture en aérosol sur toile, 155 x 1 424 cm (1er élément); 155 x 1 247 cm (2e élément); 155 x 1 368 cm (3e élément), Collection_MNBAQ_Don de l'artiste.webp
Jean Paul Riopelle, Paysage, acrylique sur lithographie marouflée sur toile, 160 x 120 cm (1971) © Succession Jean Paul Riopelle / SOCAN (2022)
Jean Paul Riopelle, Paysage, acrylique sur lithographie marouflée sur toile, 160 x 120 cm (1971) © Succession Jean Paul Riopelle / SOCAN (2022)
Jean Paul Riopelle, Paysage, acrylique sur lithographie marouflée sur toile, 160 x 120 cm (1971) © Succession Jean Paul Riopelle / SOCAN (2022)
Jean Paul Riopelle, Paysage, acrylique sur lithographie marouflée sur toile, 160 x 120 cm (1971) © Succession Jean Paul Riopelle / SOCAN (2022)
Jean-Paul Riopelle, L'hommage à Rosa Luxemburg -1992. Acrylique et peinture en aérosol sur toile, 155 x 1 424 cm (1er élément); 155 x 1 247 cm (2e élément); 155 x 1 368 cm (3e élément), Collection_MNBAQ_Don de l'artiste.webp
Jean-Paul Riopelle, L'hommage à Rosa Luxemburg -1992. Acrylique et peinture en aérosol sur toile, 155 x 1 424 cm (1er élément); 155 x 1 247 cm (2e élément); 155 x 1 368 cm (3e élément), Collection_MNBAQ_Don de l'artiste.webp